Naufrage

Dans le cadre de sa 8e édition, la Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières (BIECTR) s’associe avec l’Atelier Presse Papier,  le Centre culturel Pauline-Julien et Radio-Canada pour présenter Naufrage : projet ludique de création et d’exposition pour artistes et poètes invités à défier la contrainte d’intégrer les huit lettres du mot Naufrage à leur œuvre.

Pourquoi proposer le défi de créer avec les lettres du mot Naufrage aux 8 artistes et 2 poètes?

Pour tout simplement créer un événement autour d’un jeu de huit lettres qui fait le lien avec la 8e BIECTR certes, mais aussi avec le monde de la typographie, un autre volet de l’art d’impression, tout en permettant aux artistes de produire des œuvres différentes avec les mêmes outils de base. Mes collègues, Jo Ann Lanneville, Olivier Letarte et moi, avons choisi Naufrage, comme thème à la fois subjectif et dramatique, pour la réalisation d’un projet situé en plein cœur d’un territoire entre la rivière St-Maurice et le fleuve St-Laurent. On peut aussi facilement faire le lien avec la bande dessinée Philémon, Le Naufragé du grand A de Fred, dont l’histoire onirique et des plus poétiques s’est inspirée à la fois de Robinson Crusoé, du Radeau de La Méduse et de quelques contes et légendes fantastiques.  Les artistes et écrivains ne font-ils pas naufrage régulièrement sur cette feuille ou toile blanche?

Les artistes devaient intégrer les 8 lettres en les imprimant dans l’ordre ou le désordre, ou les utiliser simplement comme éléments graphiques pour réinventer des formes ou pour créer des textures ou tout simplement, pour reformer des mots tout en s’appropriant le thème de manière originale. Les artistes étaient invités à mixer les techniques et à défier les contraintes en travaillant avec un papier fragile de grand format et en utilisant les lettres en sérigraphie, en bois et lino gravés. Les artistes ont généreusement répondu à l’invitation et se sont engravés sur une immense plage de papier d’environ 300 x 60 cm.

Ces grandes œuvres une fois suspendues l’une à côté de l’autre de la rotonde au plafond du Centre culturel Pauline-Julien, ont recréé un très grand cercle et occupé dans l’espace une forme imposante tout en force et transparence.

Les deux poètes devaient aussi utiliser les mêmes lettres du mot pour commencer ou terminer les strophes de leur poème. Ils ont produit deux textes touchants qui nous emmènent dans des univers à la fois précaires et incertains. C’est à tribord que nous retrouvons les 2 textes suspendus des poètes.

Puis à bâbord, est installée une œuvre en progression formée de petites œuvres réalisées avec les mêmes contraintes par d’autres artistes à l’Atelier Presse Papier durant l’été. Des lettres de plus petits formats, du papier, de l’encre et du matériel divers étaient à la disposition des artistes d’ici et d’ailleurs qui ont décidé de jouer aussi le jeu en se laissant submerger et inspirer par le mot Naufrage pour le volet II.

Les deux volets du projet Naufrage ont uni de très jeunes artistes et poètes de la relève, émergents et reconnus du milieu des arts dans un projet professionnel et d’envergure.

Financé par la CRÉ, le Forum Jeunesse et le CALQ, le projet Naufrage a su créer de nouveaux liens entre la poésie et l’estampe contemporaine tout en mettant en valeur les créateurs d’ici dans le cadre de la 8e Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières de 2013.

Élisabeth Mathieu
Directrice artistique de la 8e BIECTR
Août 2013